Un journal vieux de plusieurs milliers d'années montre comment l'enterrement du bois peut lutter contre le changement climatique
En 2013, Ning Zeng a découvert une bûche très ancienne et finalement très importante.
Avec ses collègues, il creusait une tranchée dans la province canadienne du Québec, qu’ils prévoyaient de remplir de 35 tonnes de bois, de recouvrir de terre argileuse et de laisser reposer pendant neuf ans. L’équipe espérait montrer que le bois ne se décomposerait pas, preuve que l’enfouissement de la biomasse pourrait être un moyen peu coûteux de stocker le carbone responsable du réchauffement climatique. Mais lors des fouilles, ils ont déterré une bûche intacte et tordue, très ancienne, plus ancienne que tout ce qu’ils auraient pu produire dans le cadre de leur expérience.
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« Je me souviens d’être resté là à la regarder », raconte Zeng, un climatologue de l’Université du Maryland. Il se souvient avoir pensé : « Waouh, avons-nous vraiment besoin de poursuivre notre expérience ? Les preuves sont déjà là, et meilleures que ce que nous pourrions faire. »
Cette bûche faisait autrefois partie d’un cèdre rouge de l’Est qui absorbait le dioxyde de carbone de l’air et le transformait en bois il y a environ 3 775 ans, rapportent des chercheurs du 24 septembre dans la revue Science. Enterrée sous seulement deux mètres de sol argileux pendant des millénaires, la bûche a retenu au moins 95 % de ce carbone, estime l’étude.
« Les scientifiques et les entrepreneurs envisagent depuis longtemps d’enfouir du bois comme solution climatique. Ces nouveaux travaux montrent que c’est possible », déclare Daniel Sanchez, un scientifique environnemental de l’Université de Californie à Berkeley qui n’a pas participé à l’étude. « Des solutions climatiques à haute durabilité et à faible coût comme celles-ci sont très prometteuses pour lutter contre le changement climatique. »
De nouvelles solutions sont absolument nécessaires. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (SN:1/9/16), réduire les émissions de gaz à effet de serre ne suffit pas à atteindre les objectifs climatiques mondiaux. De plus, environ 10 gigatonnes de carbone atmosphérique doivent être capturées et stockées chaque année d’ici 2060. Les plantes stockent environ 220 gigatonnes de dioxyde de carbone chaque année simplement en poussant, mais une grande partie de cette quantité est rejetée dans l’atmosphère par décomposition. Empêcher une fraction de cette décomposition en enterrant du bois pourrait aider à atteindre cet objectif. Mais ce potentiel repose sur la recherche de conditions qui empêcheraient l’air, l’eau et les microbes de décomposer ce carbone suffisamment longtemps pour faire une différence.
Un schéma d’un coffre-fort en bois proposé montre que le bois enterré repose sous une couche de sol argileux qui empêche l’oxygène d’atteindre le bois, l’aidant à conserver son carbone.
L’ancienne bûche donne aux chercheurs un indice. Zeng soupçonne que le sol argileux largement imperméable qui recouvre la région a contribué à empêcher l’oxygène d’atteindre la bûche, même à des profondeurs relativement faibles. « Ce type de sol est relativement répandu. Il suffit de creuser un trou à quelques mètres de profondeur, d’enterrer du bois et il peut être préservé », dit-il. Les chercheurs estiment que l’enfouissement du bois pourrait coûter entre 30 et 100 dollars par tonne de CO2. Cette simplicité et ce coût, selon Zeng, rendent les voûtes en bois plus pratiques que le développement d’une technologie de capture directe de l’air, qui coûte entre 100 et 300 dollars par tonne de CO2. Si les conditions qui ont préservé la bûche canadienne peuvent être reproduites – ce qui n’est pas encore clair – la biomasse enfouie provenant du bois mis au rebut et de la récolte durable pourrait séquestrer jusqu’à 10 gigatonnes de carbone par an, estiment les chercheurs.
Malgré la découverte de la bûche ancienne, l’équipe de Zeng a mené l’expérience prévue et termine actuellement l’analyse, en partie pour déterminer les meilleures pratiques. Mais la bûche elle-même illustre les promesses de la mise en voûte en bois, dit-il. « Nous avons maintenant les preuves pour dire “oui, elle est prête à être mise en œuvre”. »
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N. Zeng et al. Un enterrement de bois vieux de 3 775 ans soutient le « stockage en voûte de bois » comme méthode durable d’élimination du carbone. Science. Vol. 385, 27 septembre 2024, p. 1454. doi : 10.1126/science.adm8133.
Jonathan Lambert est un ancien rédacteur en chef de Sciences biologiques, couvrant tout, de l’origine des espèces à l’écologie microbienne. Il est titulaire d’une maîtrise en biologie évolutive de l’université Cornell.
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