La rotation des cultures permet d'obtenir des rendements plus élevés, une meilleure nutrition et des revenus agricoles accrus sur six continents, comme le montre une étude.

08 Novembre 2025 2116
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Le 7 novembre 2025, par INRAE, édité par Gaby Clark, révisé par Andrew Zinin. Éditeurs : rédacteur scientifique, éditeur principal. Cet article a été examiné selon le processus éditorial et les politiques de Science X. Les éditeurs ont mis en évidence les caractéristiques suivantes tout en assurant la crédibilité du contenu : vérification des faits, publication examinée par des pairs, source fiable, relecture. Une étude internationale impliquant l'INRAE et coordonnée par l'Université d'Agriculture de Chine a montré que la pratique de la rotation des cultures est plus performante que la monoculture continue en termes de rendement, de qualité nutritionnelle et de revenus agricoles. Les résultats, basés sur plus de 3600 observations sur le terrain provenant de 738 essais expérimentaux sur six continents, ont été publiés dans Nature Communications. Bien que la rotation des cultures soit largement pratiquée en Europe, notamment pour le contrôle des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes invasives, les monocultures dominent encore en Afrique et en Asie du Sud. Ailleurs, les monocultures continues peuvent encore être populaires, notamment les monocultures de soja dans des régions telles que l'Amérique du Sud où la demande du marché pour cette culture est forte. Pour soutenir la transition des systèmes agricoles à l'échelle mondiale, il est donc essentiel de quantifier les coûts et les avantages de la rotation des cultures par rapport aux monocultures, en tenant compte des caractéristiques particulières de chacune des principales régions agricoles du monde. Malgré la disponibilité de nombreuses données expérimentales, aucune étude synthétique et multicritère sur l'impact de la rotation des cultures n'avait été menée jusqu'à présent. Dans ce contexte, l'INRAE travaille au sein d'une équipe internationale, coordonnée par l'Université d'Agriculture de Chine à Beijing, pour collecter et analyser un ensemble de données de 3663 observations en paires d'essais sur le terrain tirées de 738 expériences menées entre 1980 et 2024. Leur objectif était de quantifier les impacts de la rotation des cultures à travers trois dimensions critiques : performance du rendement (en tenant compte des moyennes et de la variabilité), production nutritionnelle (énergie alimentaire, protéines et micronutriments) et revenus agricoles. Cette méta-analyse multicritère a démontré que, en examinant toute la séquence de rotation et en tenant compte de toutes les combinaisons de cultures, la pratique de la culture rotationnelle augmente les rendements totaux de 20 % par rapport à ceux de la monoculture continue. Le gain de rendement est légèrement meilleur lorsque la diversification des cultures inclut les légumineuses (telles que les pois, les haricots, le trèfle, la luzerne) par rapport à un régime sans légumineuses (+23 % contre +16 %). Les résultats indiquent également moins de variabilité annuelle des rendements dans les rotations de cultures par rapport aux monocultures. En ce qui concerne la valeur nutritionnelle, les résultats montrent que la teneur en énergie et en protéines des aliments produits est respectivement de 24 % et de 14 % plus élevée pour les rotations de cultures. De plus, la rotation des cultures augmente la teneur en micronutriments tels que le fer (Fe), le magnésium (Mg) et le zinc (Zn) de 27 %, 17 % et 17 % respectivement. Enfin, les données montrent une augmentation, dans des conditions expérimentales contrôlées, de 20 % des revenus agricoles pour les rotations par rapport aux monocultures. L'étude permet de sélectionner des cultures spécifiques pour la rotation afin de correspondre aux contextes de production des différentes régions agricoles mondiales majeures. En Argentine et au Brésil, la rotation soja-maïs peut augmenter le contenu calorique de 118 %, la qualité nutritionnelle de 191 % et les revenus de 189 % par rapport à la monoculture continue de soja. En Afrique de l'Ouest et du Sud, ces gains sont respectivement de 94 %, 91 % et 89 % pour une rotation sorgho-maïs par rapport à la monoculture continue de maïs. Ces résultats soulignent l'importance et les avantages de la rotation des cultures pour la durabilité des systèmes agricoles. Ils mettent également en lumière la nécessité d'améliorer notre compréhension des barrières existantes (pratiques agricoles, chaîne d'approvisionnement, structure du marché, etc.) à l'adoption de la pratique de la rotation des cultures dans certaines régions du monde. Plus d'informations : Shingirai Mudare et al, Crop rotations synergize yield, nutrition, and revenue: a meta-analysis, Nature Communications (2025). DOI: 10.1038/s41467-025-64567-9 Informations journal : Nature Communications Fourni par INRAE

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