Ces chauves-souris sont les seuls mammifères connus à s'accoupler davantage comme les oiseaux.
En tant que seuls mammifères capables de voler, les chauves-souris sont des cas à part dans le monde mammalien. Mais les chauves-souris sérotines se distinguent pour une autre raison évidente - lorsqu'il est en érection, le pénis d'un mâle peut gonfler jusqu'à près d'un quart de sa longueur corporelle. Comment ces chauves-souris utilisent leurs organes génitaux énormes pour se reproduire - sans pénétration - est une méthode jamais observée auparavant chez les mammifères, rapportent les chercheurs dans la revue Current Biology du 20 novembre.
Avec une érection mesurant plus de 16 millimètres, le pénis des chauves-souris sérotines mâles (Eptesicus serotinus) n'a aucune chance de s'insérer dans le vagin d'environ 2 millimètres de long de la femelle, une différence qui a incité le biologiste Nicolas Fasel à se demander comment ces chauves-souris s'y prennent pour s'accoupler. Les vidéos collectées au Centre de réhabilitation des chauves-souris en Ukraine à Kharkiv de 2018 à 2021 et dans le grenier de l'église St. Matthias à Castenray, aux Pays-Bas, de 2016 à 2022 ont révélé la réponse. Avec les images, prises en dessous des chauves-souris, "nous avons pu voir réellement ce qui se passait", explique Fasel de l'Université de Lausanne en Suisse.
Au lieu d'insérer son pénis dans le vagin, un mâle l'utilise pour écarter une membrane recouvrant les organes génitaux de la femelle, puis presse le pénis contre la vulve de la femelle et le maintient là, souvent pendant un peu moins d'une heure. Dans une observation, le comportement a duré plus de 12 heures.
Une fois que l'acte est accompli, le pelage autour de la vulve de la femelle apparaît mouillé, ce qui laisse supposer à Fasel et à ses collègues qu'il s'agit de sperme. D'autres scientifiques ont dit à Fasel que ces taches mouillées ressemblent à celles dans lesquelles ils ont trouvé du sperme après l'accouplement chez d'autres espèces de chauves-souris. Ces observations suggèrent que les chauves-souris sérotines s'accouplent sans pénétration, une pratique courante chez les oiseaux mais jamais observée auparavant chez un mammifère (SN : 16/01/09).
"Je trouve ça super intéressant car cela apporte une fonction différente au pénis, en dehors de la pénétration", déclare Patricia Brennan, biologiste de l'évolution au Mount Holyoke College à South Hadley, dans le Massachusetts. "Cela ne me surprend pas que cela concerne une chauve-souris car les chauves-souris ont certaines des stratégies reproductives les plus folles chez les mammifères", comme les femelles capables de stocker le sperme pendant six mois ou les mâles ayant des épines sur leur pénis.
Fasel est d'accord. Parmi les mammifères, les chauves-souris "doivent être les étranges du groupe".