Les souvenirs douloureux de peur stockés dans le cortex préfrontal pourraient façonner l'expérience de la douleur plus tard dans la vie.

13 Mai 2023 1739
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12 mai 2023 Fonctionnalité

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par Ingrid Fadelli, Medical Xpress

Bien que la douleur et la peur soient des expériences très différentes, des études passées ont montré que ces dernières peuvent parfois être étroitement liées. Par exemple, lorsque de nombreux animaux et humains se trouvent dans des situations dangereuses ou menaçantes pour leur vie, la peur aiguë peut supprimer leur perception de la douleur, leur permettant de se concentrer pleinement sur ce qui leur arrive.

Cependant, des recherches ont montré que lorsque les êtres humains éprouvent des niveaux élevés de douleur, ils peuvent créer des souvenirs associatifs de peur à long terme qui les rendent craintifs des situations auxquelles ils associent la douleur ressentie. Ces souvenirs peuvent à leur tour augmenter leur sensibilité à la douleur ou conduire au développement de schémas comportementaux inutiles visant à éviter la douleur.

L'augmentation de l'intensité avec laquelle les animaux ou les humains perçoivent la douleur après des expériences passées très douloureuses pourrait être liée à leur anticipation craintive de la douleur. Toutefois, les mécanismes neuronaux exacts de ce processus sont encore mal compris.

Des chercheurs de l'Université de Heidelberg ont récemment mené une étude visant à mieux comprendre quelles régions du cerveau des souris stockent des expériences très douloureuses et comment ces souvenirs stockés peuvent affecter les expériences futures de la douleur. Leurs résultats, publiés dans Nature Neuroscience, suggèrent que ces souvenirs sont stockés dans le cortex préfrontal, la zone couvrant la partie avant du cerveau des mammifères.

Les chercheurs ont mené une série d'expériences sur des souris adultes en utilisant une méthode de marquage neuronal et des techniques optogénétiques. Au cours de ces expériences, les souris ont reçu de petites décharges électriques sur leurs pieds et ont été conditionnées pour craindre de recevoir de nouveau ces décharges. L'équipe a également utilisé des techniques optogénétiques pour activer ou supprimer différents circuits neuronaux dans le cerveau des souris, afin de déterminer comment cela affecterait leur sensibilité à la douleur.

"Nous montrons chez la souris que la mémoire de peur associative à long terme stockée dans les engrammes neuronaux dans le cortex préfrontal détermine si un épisode douloureux façonne ultérieurement l'expérience de la douleur dans la vie", ont écrit Alina Stegemann, Sheng Liu et leurs collègues dans leur article.

"De plus, dans des conditions de douleur inflammatoire et neuropathique, les engrammes de peur préfrontaux s'étendent pour englober les neurones représentant la nociception et la sensation tactile, entraînant des changements prononcés dans la connectivité préfrontale avec les zones cérébrales liées à la peur. Inversement, la mise en sourdine des engrammes de peur préfrontaux inverse l'hyperalgésie et l'allodynie établies de manière chronique."

Le récent travail de cette équipe de chercheurs expose certains des mécanismes neuronaux qui pourraient jouer un rôle dans la perpétuation de la douleur sur de longues périodes de temps résultant de la formation de souvenirs associatifs craintifs de la douleur passée. Leurs résultats pourraient potentiellement inspirer le développement de nouvelles interventions thérapeutiques pour les manifestations de douleur chronique qui peuvent être liées à des expériences douloureuses antérieures. Ces interventions thérapeutiques pourraient, par exemple, combiner une thérapie comportementale cognitive avec des médicaments ciblant les circuits neuronaux dans le cortex préfrontal.

"Ces résultats révèlent qu'un sous-ensemble discret de neurones du cortex préfrontal peut expliquer la comorbidité invalidante de la peur et de la douleur chronique et montrent que l'atténuation de la mémoire de peur de la douleur peut soulager la douleur chronique elle-même", ont écrit Stegemann, Liu et leurs collègues dans leur article. "Notre étude fournit des preuves causales de la diminution de la douleur pathologique en surmontant la peur anticipatrice et donne une impulsion pour développer des interventions ciblant la connectivité préfrontale chez les personnes souffrant de douleur chronique et de peur comorbide."

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