Découverte de secrets vieux de 39 000 ans : la technologie végétale invisible des Philippines préhistoriques.

14 Septembre 2023 3287
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La technologie des fibres à la grotte de Tabon, il y a 39-33 000 ans. Une représentation artistique basée sur les dernières données archéologiques. Dessin de Carole Cheval-Art’chéograph. Réalisé pour l'exposition "Trajectoires et mouvements de l'identité philippine" organisée par Hermine Xhauflair et Eunice Averion. Conseil scientifique : Hermine Xhauflair. Crédit : Carole Cheval - Art’chéograph, Xhauflair & Averion, CC-BY 4.0

Les outils en pierre portent des traces microscopiques de la technologie végétale ancienne, selon une étude récemment publiée dans le journal PLOS ONE. L'étude a été menée par Hermine Xhauflair de l'Université des Philippines Diliman et ses collègues.

On pense que les anciennes sociétés utilisaient abondamment les matériaux végétaux pour fabriquer des textiles et des cordes, profitant de la flexibilité et de la résistance des fibres végétales comme le font les communautés modernes. Cependant, les matériaux d'origine végétale tels que les paniers et les cordes sont rarement préservés dans les archives archéologiques, surtout dans les régions tropicales, de sorte que la technologie végétale préhistorique est souvent invisible pour la science moderne.

En Asie du Sud-Est, les plus anciens artefacts fabriqués à partir de fibres végétales ont environ 8 000 ans. Dans cette étude, Xhauflair et ses collègues identifient des preuves indirectes d'une technologie végétale beaucoup plus ancienne.

Transformation des fibres végétales par les membres de la communauté Pala'wan de Brooke’s Point, Philippines. Crédit : Xhauflair et al., PLOS ONE, 2023, CC-BY 4.0

Ces preuves proviennent d'outils en pierre trouvés dans la grotte de Tabon, à Palawan, aux Philippines, datant de 39 000 ans. Ces outils présentent des dommages microscopiques accumulés lors de leur utilisation. Les communautés autochtones de cette région utilisent aujourd'hui des outils pour enlever les plantes comme le bambou et les palmiers, transformant les tiges rigides en fibres souples pour attacher ou tisser. Les chercheurs ont expérimenté ces techniques de traitement des plantes et ont découvert que cette activité laisse une trace caractéristique de dommages microscopiques sur les outils en pierre. Ce même motif a été identifié sur trois artefacts en pierre de la grotte de Tabon.

Il s'agit des plus anciennes preuves de la technologie des fibres en Asie du Sud-Est, mettant en évidence les compétences technologiques des communautés préhistoriques remontant à 39 000 ans. Cette recherche montre également une méthode pour révéler des signes autrement invisibles de la technologie végétale préhistorique. Des études supplémentaires permettront d'éclairer la période à laquelle ces techniques sont apparues, leur répartition dans le passé, et de déterminer si les pratiques modernes de cette région sont le résultat d'une tradition ininterrompue.

Les auteurs ajoutent : "Cette étude repousse dans le temps l'antiquité de la technologie des fibres en Asie du Sud-Est. Cela signifie que les groupes préhistoriques qui vivaient à la grotte de Tabon avaient la possibilité de fabriquer des paniers et des pièges, mais aussi des cordes pouvant être utilisées pour construire des maisons, des bateaux à voile, chasser avec des arcs et fabriquer des objets composites".


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