La faiblesse cachée de la grippe : de nouveaux anticorps ciblent le "côté sombre" de la protéine du virus
Des recherches menées par des scientifiques du Vaccine Research Center, qui fait partie des National Institutes of Health (NIH), ont découvert des anticorps ciblant une zone difficile à identifier du virus de la grippe. Ils se sont particulièrement concentrés sur ce qu’ils décrivent comme le « côté obscur » de la tête de la protéine neuraminidase (NA). Les nouveaux anticorps humains qu'ils ont découverts, représentés en violet/rose et marron/beige dans leur illustration, se lient au tétramère de la protéine neuraminidase de la grippe, affichés dans différentes nuances de bleu. Les anticorps qu'ils ont trouvé ciblent une région commune de la protéine NA présente dans de nombreux virus de la grippe, y compris le sous-type H3N2. Cette découverte ouvre un nouveau domaine prometteur pour les contre-mesures contre le virus. La recherche a été récemment publiée dans la revue Immunity.
Des millions de personnes dans le monde sont touchées chaque année par le virus de la grippe, provoquant des maladies graves, voire la mort. La vaccination peut diminuer les effets du virus, même si des vaccins mis à jour offrant une protection contre les nombreuses souches et sous-types du virus sont nécessaires chaque année en raison de l'évolution rapide du virus. Une protection plus large contre plusieurs virus grippaux serait idéale pour prévenir les épidémies de souches grippales nouvelles et récurrentes sans qu’il soit nécessaire de changer de vaccin ou de vacciner chaque année.
Une méthode efficace pour renforcer les mesures de lutte contre la grippe et les vaccins consiste à identifier de nouvelles cibles sur les régions conservées des protéines de surface du virus. Ces régions conservées restent généralement relativement inchangées dans les différentes souches virales. La NA est une protéine de surface de la grippe constituée d'une tête globulaire et d'une tige étroite.
Le dessous de la tête NA contient une région hautement conservée susceptible à la liaison des anticorps et à l'inhibition du virus en raison de son « côté obscur », une zone remplie de cibles puissantes pour les anticorps, appelées épitopes. Ce « côté obscur » n'est pas affecté par les mutations courantes observées dans les souches résistantes aux médicaments et est partiellement caché, ce qui en fait un territoire relativement inexploré.
Après avoir isolé des anticorps humains dans le sang de deux personnes guéries du sous-type H3N2 de la grippe de type A, les chercheurs ont découvert que ces anticorps ciblaient le « côté obscur » de l'AN. Lors de tests en laboratoire, il a été constaté que ces anticorps inhibaient la propagation des virus du sous-type H2N2, à l’origine de la grippe pandémique de 1957-1958, ainsi que des virus H3N2 trouvés chez les humains, les porcs et les oiseaux. Ils ont découvert que ces anticorps protégeaient également les souris d’une infection mortelle par un virus du sous-type H3N2, lorsqu’ils étaient administrés un jour avant ou deux jours après l’infection. Cela suggère que l’anticorps pourrait être une mesure préventive efficace ainsi qu’un traitement contre la grippe.
Après avoir examiné la structure de deux anticorps connectés à NA à l’aide de techniques avancées de microscopie électronique cryogénique, ils ont découvert que chaque anticorps cible des régions distinctes et non adjacentes du « côté obscur », indiquant divers domaines utiles pour le développement de contre-mesures.
Les résultats de la recherche impliquent que les épitopes uniques et inexploités du « côté obscur » de NA pourraient aider au développement de nouveaux vaccins et de nouvelles stratégies thérapeutiques. Ils suggèrent qu'en conjonction avec des antiviraux ou d'autres types d'anticorps, les anticorps ciblant le « côté obscur » de l'AN pourraient être utiles pour intervenir contre la grippe, car ils s'avèrent efficaces contre les virus de la grippe présentant des mutations résistantes aux médicaments. Les chercheurs ont également conclu que ces cibles du « côté obscur » de la NA devraient être envisagées pour être incluses dans la prochaine génération de vaccins antigrippaux à large protection.
L’Institut national des allergies et des maladies infectieuses a financé cette étude.